Viserny

UN PEU D'HISTOIRE...

Viserny... Visarnacum, Visarneium in pago Tornodorensi

Patronage : Saint Vernier, Sainte Christine

Nom générique des habitants, le sobriquet :   Les bottiens

Paroisse. Sainte Christine, à la collation de l’Evêque de Langres, comme Abbé de Moutiers Saint Jean auquel le patronage fut donné par l’Evêque Geoffroi en 1147. Le cimetière est sur la montagne, avec Chapelle, où, selon la tradition, était l’Eglise Paroissiale (selon Courtépée)

Saint Vernier, patron des vignerons de l’Auxois a son autel en la collégiale de Semur en Auxois. Un vitrail en l’église de Viserny le représente aux cotés de Saint Hubert et de  Sainte Christine seconde patronne de Viserny.

* Vernier est né en 1273 à Wannenrat (vallée du Rhin). Il décède en 1287 et inhumé à Bacherach. Ces mots écrits sur sa tombe nous sont rapportés : ‘’ Ici repose le corps de Vernier, qui dans sa plus tendre enfance, fut mis à mort, pour sa foi en Jésus Christ ‘’

Si Saint Vernier protège le vignoble de Viserny. Un calvaire dressé au XVIIème siècle est le lieu de rendez vous de la procession le 1er samedi de l’An nouveau. Calvaire remarquable par la présence de rameaux et grappes de raisin sculptés sur le fût de l’ouvrage.

Sainte Christine est la protectrice des sources d’eaux qui approvisionnent le village.

Dans cette communauté et d’une époque antérieure au XVème siècle il y a deux seigneuries. Chacune d’elles y ayant des vassaux. L’une appartenant aux religieux bénédictins de Moutiers saint Jean qui possèdent des fonds sur le territoire, ainsi que des droits seigneuriaux. L’autre M. de Monterot ancien Prévôt Général de Maréchaussée possédant des fonds également.

Sainte Christine *, qui fut donc la seconde patronne de Viserny

Jusqu’à la dernière guerre, le dimanche de Quasimodo et le dimanche qui suivait le 24 juillet, les habitants de Viserny et des paroisses avoisinantes se rendaient solennellement à la chapelle Sainte Christine située à environ 1,5km du village au milieu du cimetière communal. Le site est certainement d’occupation ancienne. Confirme cette impression la tradition qui veut que l’ancienne église paroissiale se soit jadis trouvée là. Il s’agit aussi d’un antique lieu de sépulture, sans doute antérieur à la sépulture  ‘’ad sanctos ‘’ près de la chapelle de la sainte. La construction d’une chapelle, ayant la structure des chapelles rurales qui ont couvert le pays aux XIème-XIIème siècles, remaniée vraisemblablement au XVIème enracina le culte de Sainte Christine.

 La procession empruntait le ‘’ chemin des morts ‘’ qui conduisait au sanctuaire. Après l’office on faisait le tour de la chapelle avant de redescendre au village. Les deux processions constituaient un point fort de la vie locale : la participation était nombreuse, la châsse et les reliques de la  ‘’ Sainte de Viserny ‘’  étaient du voyage et la tradition veut que le cortège, même par mauvais temps, n’ait jamais reçu une goutte d’eau.

De Sainte Christine, Viserny possède encore d’exceptionnelles reliques : deux reliquaires du XVIIIè siècle, deux céramiques vernissées en forme de bras renfermant chacun un gros ossement, vraisemblablement un humérus ; un buste-reliquaire contient, semble-t-il, une vertèbre et des dents ; un dernier reliquaire figurant un cœur passe pour receler une partie de la Sainte.

Il y a autour du site de Viserny tout un complexe de croyances où se retrouvent, entremêlées, la vie et la mort, toute une circulation des choses et des êtres, tout un cycle vital que l’Eglise a christianisé. Dans cette perspective, Sainte Christine tient une place importante ; car, si elle est invoquée pour une maladie, les procès, les difficultés de tous les jours, si elle aide à se libérer des ‘prisons du corps’, à vaincre la difficulté des relations avec les autres, elle joue surtout un rôle dans le cycle de vie. A Viserny, Sainte Christine était invoquée pour les enfants qui mouraient avant d’avoir été baptisés.

On ne possède pas, pour le ‘sanctuaire à répit’ de Viserny, de texte relatant le retour temporaire à la vie d’enfants mort-nés ; mais à défaut, il existe un témoignage bien plus précieux de la pratique du ‘répit’, un cimetière de bébés ou plutôt un double sépulcre : l’abri sous roche, qui fut initialement le lieu d’ensevelissement des enfants miraculés, et un caveau de la chapelle Sainte Christine, encore visible aujourd’hui. En 1885 Hyppolyte Marlot publia le résultat des investigations qu’il avait menées sur le site :

« Dans une large crevasse de la roche située un peu au-dessous de la chapelle, sorte de caverne, j’ai constaté en l’explorant qu’elle renfermait des débris de petits squelettes qu’on y avait jetés à une époque très ancienne. »

Au-dessus de cette excavation naturelle, qui établissait un passage entre le monde des vivants et le monde souterrain des morts, l’Eglise avait fait planter une croix dite ‘Croix Saint Charles’ qui a disparu on ne sait trop quand.

Dans la chapelle, le caveau est lui aussi d’un grand intérêt. On connait d’autres exemples de sépultures d’enfants ayant été exposés dans des ‘sanctuaires à répit’, mais il s’agit généralement de cas individuels, tolérés par l’Eglise justement parce qu’ils apparaissaient comme exceptionnels. Or ici, peut-être à cause de l’isolement de la chapelle placée sous la responsabilité d’ermites, dont on sait qu’ils manifestaient fréquemment une grande indépendance vis-à-vis des autorités ecclésiastiques, on se trouve en face d’un charnier qui dut recevoir quantité de petits corps à la ‘grande époque’ des ‘répits’ au XVIIè siècle. Ecoutons encore H. Marlot :

« La chapelle renferme un caveau à côté de l’endroit où se trouvaient les fonds baptismaux qui avait un usage singulier : les enfants morts sans baptême étaient mis dans ce caveau […]. Nous avons visité ce caveau situé sous les dalles : c’est un petit coin de 1.5m de côté couvert de petits ossements et de crânes d’enfants minces comme des feuilles de papier. »

Et voilà qui nous renseigne sur les coutumes de sépulture :

« Les parents y mettaient leur obole, sorte de superstition assez curieuse puisqu’elle se perpétue jusqu’au XVIIIè siècle. En grattant légèrement la terre, nous avons trouvé un double tournois d’Henry IV et un jeton historique de Louis XIV. »

Sans doute H. Marlot se trompe-t-il sur la qualité des enfants enterrés là ; il s’agissait certainement d’enfants qui, après avoir été exposés devant ‘l’image’ de Sainte Christine, avaient donné des ‘signes de vie’, avaient reçu le sacrement et étaient ‘morts une seconde fois’. ‘L’image’ était sans doute, aux siècles modernes, la statue dans le goût de la Renaissance italienne du XVè siècle, qui subsiste, amputée de ses bras dans un coin de la chapelle.

Enfin, découvrez le destin tragique d’un médecin montbardois  décédé en 1884, dont le monument funéraire se trouve sur le plateau dominant Viserny. Jean-Baptiste Carre plus connu sous le prénom d’Hector, docteur en médecine, notable, lettré humaniste, n’ayant pas connu la postérité, fut très sensible à l’histoire de son temps. L’ouvrage de François Raymond et Claire Duc ‘’ Chronique d’une vie provinciale au dix-neuvième siècle ‘’ vous fera découvrir ce personnage hors du commun.

* Ce texte est, pour une part de sa composition, tiré de l’ouvrage de Jacques GELIS congrès de mythologie à Dijon 1985,  et de Conte moi mon Canton 2001.

2020.11.09 AMV/GB

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