Corsaint

UN PEU D'HISTOIRE...

Sur le territoire de la Commune de Corsaint à présent étendue aux hameaux de Tivauche, Ménétreux, Turley, Curey et Cortaint et selon la tradition, un Ermite originaire de Courtangy, saint Jean de Réôme (420-545) y aurait implanté un monastère, estimé l’un des plus anciens de Bourgogne. Situé dans des ruines que des fouilles réalisées en 2019 semblent pouvoir permettre de localiser à proximité de l’église, et où furent également mises à jour des antiquités romaines, des mosaïques et des sarcophages Mérovingiens...

Ce monastère devait être transféré avec les reliques du saint à Moutiers Saint Jean en 580. Ce n’est toutefois qu’en 1818 que Corsaint, bien après Tivauche, Ménétreux, Turley et Cortaint, rejoignait la fondation des Terres Saint Jean et ainsi pouvait faire bénéficier ses habitants de l’hébergement et des bons soins prodigués par l’hôpital saint Sauveur à Moutiers.

La Fontaine saint Jean

En contre bas de l’église se trouve un puits dit « Fontaine saint Jean » dans lequel saint Jean de Réôme aurait accompli l’un de ses plus fameux miracles, en période de pénurie d’eau le puits très profond situé a proximité était empoisonné par un animal maléfique un très dangereux serpent le « Basilicus » ; puits dans lequel serait descendu Jean , y aurait trouvé le monstre qu’il aurait anéanti par l’invocation de Dieu, permettant un approvisionnement du lieu en eau potable abondant et durable…

L’église de Corsaint

Vraisemblablement implantée sur les fondations d’une église funéraire qui aurait abritée le corps de saint Jean mort en 545. Le bâtiment actuel dont la partie la plus ancienne date du 13ème siècle a été, à de très nombreuses occasions, remaniée aux 15ème, 16ème, 17ème siècles et encore postérieurement.

L’église est placée sous le double patronage de saint Maurice et saint Antoine.

Le bâtiment est long de 28m, large de 13 m, son clocher culmine à 35 m.

A l’intérieur les vitraux et les dimensions apportent à l’édifice une clarté et une esthétique remarquable.     

Dans le cœur côté droit est disposée une très belle piscine à deux cuvettes surmontées de deux visages au port royal… au-dessus de l’autel, une colonne cannelée supportant une colombe tenant un ciborium , devant l’autel secondaire de gauche dédié à la Vierge remarquez la pierre tombale de Simon Coeurderoy Seigneur de Presle appartenant à l’influente famille de juristes originaire de Moutiers Saint Jean, impliquée dans la construction et l’administration de l’hospice saint Sauveur, et qui semble être la commanditaire du magnifique tableau du 17è siècle, classé monument historique, attribué à Luc Despeches. Ce tableau était initialement considéré comme représentant la scène biblique du jugement de Salomon, avant que la restauration réalisée en 2015 révèle qu’il s’agissait en fait d’une représentation du lit de justice du 18 mai 1643 du futur Louis XIV en présence du Duc d’Enghien qui deviendra le Grand Condé, mais fut également, entre autres, Marquis d’Epoisses.

Peuvent aussi être admirées de nombreuses statues en pierre de la Vierge, des saints patrons de l’église, de saint Roch, ainsi qu’une grande statue énigmatique, représentant sur chacune de ses 4 faces, la sainte Vierge, saint Antoine du désert, la mort et un clerc.

A proximité de l’église est implanté un remarquable calvaire de 1608 classé monument historique.

Les Bornes Armoriées ou les vestiges d’un bornage du XVème siècle.

Sur le territoire de la commune de Corsaint, sur le chemin qui sépare Corsaint de Corrombles nous pouvons encore trouver 2 bornes en pierre d’environ 50 cm de haut qui sont ornées de deux blasons sculptés difficilement reconnaissables aujourd’hui.

Toutefois les archives départementales révèlent qu’en 1489 les Seigneurs de Corsaint, le Chapitre Cathédrale d’Auxerre et le Seigneur d’Epoisses Philippe de Hochberg ne parvenant pas à se mettre d’accord sur la limite de leurs finages respectifs décidèrent, pour régler ce différend d’avoir recours à un arbitrage, lequel conduisit à délimiter leurs terres respectives, et à la pose de 4 bornes dont 2 sont encore visibles sur la voie antique reliant Semur à Pisy, l’emplacement de ces bornes correspond encore aujourd’hui aux limites des communes de Corrombles et Corsaint, ces bornes représentent d’un côté le blason du Seigneur d’Epoisses Philippe de Hochberg et de l’autre saint Etienne.

William MODÉRÉ / Corsaint / Décembre 2020*

 

* Bibliographie :

L’Abbaye de Moutiers Saint Jean par A.Vittenet imprimerie Protat frères 1938.

Description de l’église de Corsaint établie par Daniel Goimard assisté de Robert Finelle et Maurice Arbault de la Société des Sciences de Semur mai-juin 1982 tirage Cidac Avallon.

La Justice « sous latte » en Bourgogne sous l’ancien régime par Albert Colombet en mémoire de la société pour l’histoire du Droit et des Institutions, pages 147 et s. Imprimerie Bernigaud à Dijon 1946.

Le Grand Condé rival du Roi Soleil Éditions Snoeck 2016.

Du jugement de Salomon à l’allégorie de Louis XIV enfant et du Grand Condé, par Martine Lemot et Patricia Mary conférence du 12 janvier 2016 à l’Académie des Sciences Arts et Belles-Lettres de Dijon.

Les Bornes Armoriées de Corsaint par A. Colombet en mémoires de la commission des Antiquités de la Côte d’Or pages 364 et s. Imprimerie Bernigaud à Dijon 1942.

Projet Collectif de Recherches sur saint Jean de Réôme et les origines de l’abbaye de Moutiers Saint Jean sous la direction de Fabrice Henrion et Christian Sapin, DRAC Bourgogne Franche Comté, service régional de l’archéologie, centre d’études médiévales de Saint Germain à Auxerre.

 

Un personnage célèbre, Pierre Travaux.

Il nait à Tivauche hameau de la commune de Corsaint, le 12 mai 1822. Son père est issu d’une longue lignée de tailleurs de pierre. L’instituteur de Corsaint d’alors M. Junot, admirant les esquisses rapides que réalisait Pierre sur un album de poche pour amuser ses camarades, lui avait dit un jour : « vous avez une fortune au bout de votre crayon, mon ami ».  Son père n’était pas sans savoir les gouts élevés que son fils avait pour manier le ciseau. A dix-sept ans, il entre en qualité d’apprenti chez un tailleur de pierre à Semur, monsieur Marion un véritable artiste en son genre. En même temps, ce laborieux jeune homme fréquente l’école de dessin et de modelage à Semur dirigée par M. Bouhot et ce durant trois ans. En 1842, après succès au concours, il entre à l’Ecole Nationale des Beaux-Arts où il prit rang parmi les meilleurs élèves… Pierre, artiste au fort potentiel décroche une médaille à l’Exposition universelle de 1855, son œuvre un plâtre d’une finesse, d’une élégance d’expression et de forme est de tous points remarquable. De nombreuses distinctions s’enchainent ensuite.

En 1860, il épouse une jeune veuve à Moutiers Saint Jean. Elle est cousine de Catherine Labouré.

Puis une immense carrière d’artiste s’ouvre à lui, il appartenait d’emblée à l’école de l’Idéal. Les sujets allégoriques et les personnifications de la psychologie et de l’histoire forment la meilleure et la plus grande partie de son labeur.

Pierre Travaux avait la confiance d’Eugène Viollet le Duc qui le charge entre autre, de décorer l’intérieur de la chapelle des Ducs de Noailles à Notre Dame de Paris en 1860.

Parmi l’immensité des œuvres produites on peut voir,  

A l’église de Corsaint sur l’autel latéral de la nef gauche une statuette en plâtre de Saint Bernard. 

« L’Education », don de Mme Travaux au musée de Semur. « La Bienfaisance publique » qui décore la façade de la mairie du 4ème arrondissement à Paris.

« La Piété filiale », « Turgot » et « Jacques Amyot », au nouveau Louvre. « Le Génie de la Marine » qui orne la cour du Louvre… et beaucoup d’autres œuvres  exposées dans de nombreux musées de France.

Travaux réussit également à merveille dans l’exécution de cette partie de la statuaire qu’on appelle le « buste », « le médaillon », « la terre cuite » ; témoins les bustes de M. Bouhot, de M. Joly de Saint Florent, au musée de Semur. Egalement les deux médaillons de saint Jean Baptiste et de saint Vincent de Paul, qui ornent la façade extérieure aux côtés du Salvator Mundi, de l’Hôpital saint Sauveur à Moutiers Saint Jean.

A noter, le musée de Montbard possède deux petits bas-reliefs signés de Travaux représentant la Justice et la Loi, la Force et l’Innocence. Les originaux ornent le palais de Justice de Marseille.

Pierre Travaux meurt à Paris le 19 mars 1869 à l’âge de 47 ans, sa tombe est visible au cimetière de Moutiers Saint Jean.

AMV/GB/20.12.23 #

 

# Sources et bibliographie :

La Société des Sciences Historiques et Naturelles de Semur en Auxois  1908-1909.

Le statuaire Pierre Travaux par l’abbé Eugène Barbier.

Critique, par M. Chabeuf, président de l’Académie de Dijon – 1908.

Céline Duchesne, « L’émergence d’une conscience patrimoniale ».

Archives Municipales de Semur en Auxois.

Archives Départementales de la Côte d’Or. vers 1130 (Réomaüs)

Découvrir, faire connaître et sauvegarder un patrimoine exceptionnel. Hôpital Saint-Sauveur du XVIIème, apothicairerie, jardins. Un monument historique et culturel en Bourgogne.